Bergerie du Gaec Mariembourg à Guébling

La famille Remillon s’est installée sur la ferme, à Guébling, en Moselle dans les années 1800.

Les parents de Joseph, avec qui j’ai commencé la collaboration, élevaient des vaches laitières. Et il y avait, en plus, un petit troupeau de moutons avec un berger externe à la ferme.

Dans le passé, le troupeau devait s’entretenir sur des espaces délaissés, les chaumes après moisson et quelques fois revenait pâturer sur la ferme.

Durant son enfance, Joseph a été émerveillé par les troupeaux transhumants d’Alsace qui pâturaient sur tout le Grand Est puis en route jusqu’à Paris. Ils arrivaient bien gras à la capitale et certains étaient vendus à La Villette. Les agneaux mâles de plus d’un an étaient appelés les “hammels”.

Beaucoup de ces troupeaux faisaient étape à la ferme à Guébling car le grand-père de Joseph était ami avec ces bergers alsaciens transhumants.

A la tonte la laine était récoltée avec soin et envoyée à la coopérative de Reims.

En s’’installant à son tour, sous le nom de Gaec Mariembourg, Joseph a choisi d’emblée la race Est à Laine Mérinos. Et, par la suite il s’est engagé dans la sélection. (C’est-à-dire le respect de critères stricts pour faire naître des reproducteurs qui vont être garants des standards de la race.)

En 2000, Marie-Claude, son épouse, a créé une ferme pédagogique sur l’exploitation. Des milliers d’enfants ont pu découvrir toute une série d’animaux, leurs soins, et, déjà, le chemin de la laine.

Aujourd’hui, Joseph et Marie-Claude sont retraités, mais…

Julie va reprendre la partie pédagogique.

Pierre et Florent ont repris et agrandit l’exploitation depuis déjà une dizaine d’années.

L’exploitation compte 350 hectares et est certifiée bio depuis 2018.

Pierre a conservé la troupe de mérinos en sélection : 500 brebis et 130 agnelles. C’est un beau troupeau !

Florent élève 50 vaches limousines et leur suite.

Ils cultivent du du triticale-pois et de l’avoine pour une nourriture de qualité pour les animaux. Et pour la vente, du tournesol, du blé et bientôt du lin et des lentilles. En rotation avec des prairies riches de luzerne et trèfles.

Pour Joseph, la laine a toujours été un produit noble. Il a été imprégné de l’époque où la laine avait beaucoup de valeur.

Dans les années 1980, le Gaec Mariembourg a travaillé avec une association : l’Agence locale pour l’Energie et le Climat.

Un chantier de tonte était organisé avec des ramasseuses – trieuses de toisons et des tondeurs formés à la méthode Bowen de Nouvelle-Zélande. Ensuite, après avoir été lavée et filée, la laine était envoyée chez des tricoteuses.

Malheureusement, ça n’a duré que quelques années.

Mais ça a donné une nouvelle impulsion venant des tondeurs formés en Nouvelle-Zélande : chantiers propres, tonte impeccable, récolte propre.

Ensuite toute la laine de l’exploitation a été vendue à la famille Sommer Frères, de grands négociants en laine de l’Est de la France.

Ils faisaient la distinction entre de la laine de qualité (Est à laine mérinos propre) et les laines dites ‘’croisées’’. Cette collaboration positive s’est arrêtée durant le projet européen Interreg ‘’DEFI-Laine’’ durant lequel les objectifs entre le négociant et le Gaec ont divergé.

Les éleveurs sélectionneurs d’Est à laine mérinos ont travaillé avec un expert lainier jusque dans les années 2000. Il donnait une note sur la laine de chaque agnelle et chaque bélier. Puis, le ministère de l’agriculture ayant supprimé le financement de cet expert lainier, les éleveurs ont continué à sélectionner sur les toisons en se basant sur ce qu’ils avaient appris de lui.

L’association de de sélection de la race a continué à sélectionner sur la qualité de laine, pour 3 raisons :

  • La toison est le “toit” de la brebis et signe de sa santé,
  • pour conserver le caractère “mérinos” spécifique de la race,
  • par espoir de voir un jour la laine remise en valeur.

Aujourd’hui, dit Joseph, « C’est un vrai bonheur de voir tout le travail, l’implication et l’effervescence autour de projets revalorisant les laines locales. Et il y a moyen de valoriser chaque type de laine. 

C’est encore difficile à l’heure actuelle d’écouler toute la production de laine de la ferme (plus de 1,3 tonne par an).

Mais il y a

  • quelques niches avec des artisanes
  • des essais de transformation réalisés par le Parc naturel régional de Lorraine
  • La Laine des coccinelles à qui la laine est vendue depuis 2012
  • Et la coopérative Mos’laine en démarrage. Il s’agit d’un très gros projet coopératif, qui vise à recréer une usine de transformation de la laine en feutre. Tout prend plus de temps que prévu, et l’usine ne démarrera qu’en 2024 si tout va bien. Ce qui fait que les stocks continuent de s’accumuler.

La laine a aussi créé beaucoup de liens entre les artisanes, artisans, éleveurs, éleveuses et artistes. Et ça, dit Joseph, ‘’c’est également une vraie richesse’’.

 

(Crédit photo Ygaëlle Dupriez)

La laine des coccinelles

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